Retour sur scène

Après Pixies, au sein desquels Black Francis assurait le service minimum l'automne dernier, un autre groupe culte du siècle passé s'est reconstitué pour ravir les oreilles de ZOR au Zénith le 7 mai 2010 : Pavement. Voici décidément un dégât collatéral de la crise de l'industrie du disque : d'ex-groupes mythiques, dont les carrières en solo des membres piétinent un peu, ne peuvent plus vivre de leurs rentes et sont obligés de se reconstituer pour remonter sur scène, car de nos jours, il n'y a plus que ça qui paye vraiment.

Pavement nous est donc revenu. Pas de nouvel album (sauf une compil' et des rééditions "deluxe" augmentées de morceaux de "face B" et autres fonds de tiroirs plus ou moins dispensables). Stephen Malkmus, qui avait dû abuser de substances illicites, semblait ailleurs, comme un ouvrier qui aurait pris sa dose de blanc-sec avant d'aller pointer à l'usine. Les autres membres du groupe semblaient s'amuser un peu plus, même si la guitare de Spiral Stairs peinait à se faire entendre derrière celle de Malkmus. Bref, ce n'était pas le concert de Pavement du siècle, quoique ce fut pour ZOR le premier concert de Pavement de ce siècle, justement. Mais qu'importe si le leader charismatique du groupe boude un peu ? Du moment que la musique est là (et elle était bien là !). Un boulanger, on lui demande du bon pain, pas des sourires resplendissants et des sauts périlleux ! Eh bien c'est idem pour la musique  : ZOR a eu sa dose de Pavement, et tant pis si Malkmus n'était là que pour l'argent.

Et il y en a qui disent que le piratage tue la musique... Non, il oblige les divas du passé à se remettre en selle pour nous jouer de la musique, justement. Cela ne vaut-il pas mieux que de les laisser claquer leurs royalties dans des villas à Beverly Hills ? Vive le piratage, donc.
Avec un peu de chance même, la famille Ono/Lennon dans le besoin sera bientôt obligée de faire remonter John Lennon sur scène. ZOR a hâte.
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Nine Inch Nails encore

Après "Ghosts I-IV", Nine Inch Nails a sorti l'année passée un nouvel album sous licence ouverte : "The Slip", entièrement téléchargeable en format audio d'excellente qualité. Aperçu au Zénith de Paris en juillet 2009, le brave Trent Reznor exhibait fièrement sur scène ses biceps bodybuildés, preuve que la libre diffusion ne l'a pas ruiné. Il semblerait au contraire que "Ghosts" et "The Slip", téléchargeables gratuitement mais aussi vendus en édition limitée, aient été des succès commerciaux, et Nine Inch Nails remplit aisément les salles de concert. Il n'est pas inutile de le rappeler, à l'heure où la France apeurée de Carla Bruni et Didier Barbelivien brandit Hadopi pour "sauver les artistes" : le téléchargement ne tue pas la création.

Avec la diffusion sous licence ouverte, la musique de NiN est désormais aussi modifiable et réutilisable. Le groupe DIY-AD(d), aidé de Solcarlus et HP, a ainsi "pillé" les neuf premiers morceaux de "Ghosts I-IV" pour construire un long morceau de plus de 16 minutes, intitulé "What a beautiful day". Les remixeurs peuvent s'en donner à coeur joie avec les pistes séparées diffusées en "peer-to-peer" via le réseau BitTorrent (c'est-à-dire le diable pour Hadopi).
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Nine Inch Nails sous licence ouverte

En froid depuis le début de sa carrière avec l'industrie du disque, Trent Reznor, l'homme à tout faire du groupe Nine Inch Nails vient de s'affranchir de manière audacieuse des traditionnelles entraves à la libre diffusion. Le dernier album de Nine Inch Nails, "Ghosts I-IV", est en effet sorti sans maison de disque et les 9 premiers morceaux sont en téléchargement libre sur le site du groupe. Mais contrairement à Radiohead qui avait déjà utilisé le téléchargement gratuit comme moyen de promotion avant la publication matérielle de l'album "In Rainbows", NIN a fait un pas supplémentaire en publiant l'intégralité de l'album et de ses illustrations sous une licence Creative Commons by-nc-sa. Cela signifie que toute personne qui s'est procuré l'album en le téléchargeant ou en l'achetant est libre désormais de le partager et même de le sampler ou de le remixer, à condition de mentionner l'auteur original et de ne pas faire d'utilisation commerciale de l'oeuvre ou de ses dérivés.

Cette initiative va bien évidemment à l'encontre des systèmes de verrouillage numériques mis en place par l'industrie du disque et de sa dérisoire lutte contre le "piratage". En optant pour les licences ouvertes, Reznor prouve que la musique peut se partager librement et que la musique "libre" n'est pas forcément une musique au rabais dont la qualité serait inférieure à celle de la musique commerciale. Ce faisant, Reznor prouve aussi que la libre diffusion n'est pas incompatible avec un certain type de commerce, puisque l'album "Ghosts I-IV" est aussi vendu, notamment sous forme de fichiers non-compressés ou de disques en édition limitée. Nine Inch Nails se paie ainsi le luxe de concilier rentabilité économique et partage. Espérons que l'idée fasse des émules.

Pour ne rien gâcher, l'album est d'ailleurs de qualité. Reznor s'est ici parfois un peu écarté du style électro industriel de ses productions habituelles pour s'orienter vers une musique instrumentale plus dépouillée et feutrée, avec notamment de très belles parties de piano qui auraient pu figurer dignement au répertoire d'Erik Satie. ZOR s'en délecte la ZOReille, et il se pourrait même que la ZORde se penche de plus près sur ces instrumentaux puisque la clause "share alike" de la licence de diffusion autorise les productions dérivées. Qui sait ?


En écoute, le titre "1 Ghosts I", composé par Trent Reznor et Atticus Ross :


somerights


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Waterfalls

ZOR attendait avec impatience la suite des aventures de "The White Nite". C'est chose faite avec l'émergence dans le petit monde de la musique diffusée sous licence ouverte d'un nouveau groupe, Waterfalls, qui est en réalité le projet en solo d'un des deux auteurs de "The White Nite".
Si l'on reconnaît toujours les influences de Brian Jonestown Massacre et des Dandy Warhols, on peut dire que cette fois, l'élève égale au moins ses maîtres. Riffs de guitare qui déchirent, longs crescendos psychédéliques, voix hallucinée, choeurs très pop... : après un bon premier album ("Get tight and lose") au son encore un peu brouillon, Waterfalls persiste et s'améliore avec 8 nouveaux titres sur l'album "Echoes through the phone", qui peut s'écouter en boucle (à fort volume de préférence).

En écoute, le titre "Pretty cool for a parisian" :


somerights

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Beck scientologue

Depuis quelque temps, ZOR songeait à consacrer un article de sa rubrique "ZORgoûts" à Beck, artiste inclassable, bidouilleur de génie, qui depuis 1993 réjouit la ZORde de ses mélanges sonores improbables (folk, rock, rap, soul, funk).
Outre les albums incontournables tels que "Odelay" et "Mellowgold", Beck avait aussi produit de véritables petits bijoux tels que le délirant "MTV makes me want to smoke crack", le superbe titre bossa nova déjanté "Deadweight", l'émouvant "Cold Brains" ou le très festif "Sexx Laws". Au début des années 2000, il avait fait quelques concerts accompagné par les Flaming Lips (autre valeur sûre au sujet de laquelle il conviendra de revenir) et puisé quelques sonorités dans le répertoire du divin Serge (Gainsbourg, bien sûr). ZOR lui-même avait eu l'occasion à deux reprises d'écouter Beck en concert, d'abord aux Eurockéennes de Belfort, en première partie des Red Hot Chili Peppers (contraste assuré !), puis au Zénith de Paris : les envolées suraigues de la voix de Beck sur le titre "Debra" ont laissé une marque indélébile en cette ZOReille.

Il était donc naturel d'inclure Beck au tableau de chasse sonore de la ZORde. Mais au détour d'une page de Wikipédia, ZOR lut cette phrase avec stupeur : "le chanteur est affilié à l'Eglise de Scientologie". Argh !

S'il est certain que c'est l'oeuvre d'un artiste qui importe, et non sa vie privée ou ses engagements religieux, philosophiques ou politiques, il n'en demeure pas moins que la déception était grande.
On objectera que le monde de la musique regorge de personnages douteux et néanmoins talentueux, bigots torturés comme Nick Cave, satanistes comme Led Zeppelin, ou pire, proches des milieux néonazis tels Bertrand Burgalat. Sans compter les innombrables artistes noirs américains qui ont appris la musique à l'église. Cela remet-il en cause la qualité de leurs oeuvres ?
Certes, la Scientologie sent particulièrement le souffre et est souvent évoquée comme l'une des sectes les plus dangereuses, ce qui permet à bon compte d'oublier que toutes les religions sont nuisibles, une religion n'étant jamais qu'une secte ayant réussi.
On objectera encore qu'une ZOReille qui parle à la troisième personne et se prétend entourée d'une ZORde d'adeptes est bien mal placée pour faire la leçon, et que c'est un peu "la merde qui se fout des chiottes" pour parler de façon imagée. Pour sa défense, ZOR rappelle tout de même qu'il n'est qu'une ZOReille et est donc incapable de pratiquer sur des enfants les actes dont sont coutumiers nombre de prêtres et de gourous, et que le ZORculte n'est qu'un jeu virtuel qui n'est soumis à aucun dogme, même en matière de musique (vous pouvez tout de même acheter le Coton-Tige Miraculeux ou la Boule-Quiès Sacrée pour la modique somme de 200 € pièce à partir de cette page : http://incaudavenenum.label.free.fr/acheter/).
On objectera aussi que Beck est apparemment un scientologue de la deuxième génération, comme le montre un article très détaillé et d'ailleurs un peu fouille-merde sur un site anti-secte en anglais (http://www.lermanet.com/beck/). Né de parents scientologues, il n'a sans doute jamais acquis l'esprit critique et le libre-arbitre nécessaires pour se détacher de l'influence de la secte. En fin d'article apparaît d'ailleurs un témoignage amusant, celui de Thom Yorke (leader de Radiohead) qui explique que "Mr. Scientology" a essayé de le convertir, mais que c'était peine perdue avec quelqu'un d'aussi strictement anglican. La merde et les chiottes, encore...

La pillule est pourtant amère, et quiconque aura essayé de s'introduire une pillule dans le conduit auditif comprendra de quoi ZOR veut parler.
Il sera désormais difficile d'écouter la musique de Beck avec le même enthousiasme qu'autrefois.
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